"Mon petit Zlatan au coeur d'Iniesta" L'histoire de Maksim Samoilov, un garçon russe à PSG
La vid?o montre Maxime qui s’exerce au ballon, devant des monuments parisiens – la Cath?drale de Notre-Dame et le Mus?e du Louvre. Vous y verrez aussi des buts et passes d?cisives de Max, au sein de l’?quipe junior du "PSG", y compris son super-tir en "ciseaux retourn?", apr?s quoi son entra?neur l’a surnomm? "l’Ibrahimovic russe".
Dimitri SIMONOV
Un gar?on jongle avec un ballon, sur le parvis de Notre-Dame. C’est l? que j’ai vu Maxime pour la premi?re fois. Pouvais-je imaginer que ce gar?on maitrisant si habilement son ballon, au pied d’un des plus c?l?bres monuments parisiens, ?tait Russe? Non, c’?tait impensable.
Pourtant, le destin de Maxime et de sa maman Valeria prouve de mani?re flagrante que, dans la vie, pratiquement rien n’est impossible.
J’ai fait connaissance avec eux, environ une heure plus tard: ils ?taient ? la table voisine, dans un agr?able petit restaurant de cuisine fran?aise traditionnelle, situ? ? cinq minutes de Notre-Dame. Max et Valeria sont all?s dire bonjour ? mes voisins, des journalistes connus qu’ils avaient vus tant de fois ? la t?l?vision. A peine j’eu appris l’histoire de la famille Samo?lov que j’ai c?d? ma portion de magret de canard et de cuisses de grenouilles ? l’usage exclusif de mon ami Igor Rabiner (les grenouilles, heureusement, n’?taient pas tr?s bonnes, si bien que, contrairement au canard, je ne les ai pas regrett?es). Et je me suis mis ? ?couter cette histoire, comprenant que c’?tait, peut-?tre, pour des moments pareils que j’?tais rest? ici, durant 34 jours, afin de couvrir le Championnat d’Europe.
Il y a deux ans, Maxime ?tait attaquant du club "Spartak"; aujourd’hui, il est meneur de jeu central du "PSG", capable ?galement d’attaquer ? gauche ou ? droite ("N’importe o?, ? l’attaque", – dit Maxime). Un vrai l?gionnaire russe en Europe. Un joueur qui a, en m?me temps, la maitrise du football et le caract?re d’un guerrier.
Il n’a que 13 ans et alors?
LA R?ALIT? RUSSE
"Tout le monde a une ?quipe favorite: pour les uns c’est "Spartak", pour les autres c’est "Madrid", pour d’autres encore c’est "Barcelone"... – dit Valeria. – Tandis que Max a toujours eu en t?te le "PSG". Et ce n’?tait pas un r?ve, c’?tait un objectif. Un objectif r?alisable. Un impossible qui devait ?tre possible. Depuis sa plus tendre enfance, Maxime ne raisonne pas comme tous les enfants. Il se voyait d?j? l?-bas. A un moment – on ?tait encore en Russie – il s’est mis tout d’un coup au fran?ais, son objectif ?tant le "PSG". Et, d’abord, je n’ai pas fait attention".
"En r?alit?, j’aime ?galement "Barcelone", mais impossible de s’y retrouver comme ?a. – Maxime explique la logique de son choix, logique qui n’est pas celle d’un enfant de son ?ge. – A vrai dire, en d?finitive, mon r?ve est de jouer dans cette ?quipe. Mais on ne peut pas passer chez "Barcelone"juste apr?s avoir jou? pour "Spartak". Tandis qu’apr?s le "PSG"c’est possible. Il faut avancer petit ? petit, en jouant des matchs internationaux, il faut r?ussir".
Valeria poursuit: "Maxime jouait pour un des meilleurs clubs du pays – "Spartak"; il ?tait assez connu ? son niveau ; il recevait des prix lors des matchs. ? un moment, Maxime est pass? au club "Lokomotiv", il a jou? un match en Turquie, o? on l’a reconnu comme meilleur joueur. Ensuite, il est revenu chez "Spartak". Tout allait son train.
Mais notre syst?me russe est assez... sp?cial. ? un certain moment, tout a brusquement chang? pour Maxime. Je lui demandais: "Alors, cet entrainement?". Il r?pondait d’un air sombre: "L’entra?neur m’a donn? un ballon et m’a dit: va jouer". Il commen?ait ? perdre de l’int?r?t, il ressentait une absence d’opportunit?s de d?veloppement. Pourtant, Maxime a toujours voulu arriver ? des r?sultats s?rieux.
Max ne participait pas aux matchs. On disait tout le temps de lui: il est le meilleur, il est le meilleur, il est le meilleur. Alors que l’entra?neur affirmait: "Ce Samo?lov ne sait pas jouer". Il ne sait pas jouer? Eh bien, tant pis… Je ne veux juger personne, mais je suis persuad?e qu’il y a des gens qui ne se r?jouissent pas du succ?s de leurs propres disciples. Personne ne sait pourquoi. C’est vexant.
Autre chose nous aga?ait. Vous savez comment ?a se passe en Russie. Quand il y beaucoup de "fils de"… de parents tr?s ais?s".
"Pas de noms". – sourit Max d’un air entendu. Il est en correspondance avec ses copains en Russie et ne veut vexer personne.
"Ce sont ces enfants qui, apr?s "accord pass? avec l’entra?neur", devaient jouer. – prend ? nouveau la parole sa m?re. – Tandis que les meilleurs devaient attendre. Max disait: "Je pr?f?re aller jouer dans la cour, ?a sera la m?me chose". Avec une approche pareille, il n’y a pas de diff?rence. Mais telle est la r?alit? russe".
LE "PSG"
Apr?s avoir ?t? confront? aux sp?cificit?s du football des juniors en Russie et r?vant d’autre chose, un jour, Maxime a demand? ? sa m?re d’envoyer son dossier sur le site du "PSG".
"J’ai pris les vid?os de ses tirs, son dossier et j’ai tout envoy? au "PSG", – dit Valeria. – Environ un mois plus tard, j’ai re?u une r?ponse. On nous invitait ? nous pr?senter. Honn?tement, je ne m’attendais pas ? ce qu’on me r?ponde. Je n’y pensais m?me pas. Tandis que Maxime n’a pas arr?t? de dire, depuis le d?but: "Maman, j’y suis d?j?". Il ?tait si s?r qu’il n’avait de cesse de me relancer: "Alors, on nous a d?j? r?pondu?".
"Je savais qu’on me r?pondrait", – dit Maxime. Et ?a explique tout.
"On s’est h?t?s de faire les formalit?s ; mine de rien, on allait en France et pas chez nos voisins. On a pris l’avion pour Paris. Maxime pouvait d?j? un peu parler fran?ais. On sentait que son r?ve se r?alisait. Max d?bordait d’?motions: c’est pour maintenant, voil?-voil?! Tandis que moi, je voulais juste aider mon enfant ? fr?ler, ? se rapprocher de son r?ve. Je ne faisais aucun projet, ? l’?poque, je n’?tais s?re de rien. Je pensais tout juste qu’il fallait r?pondre ? ce rendez-vous".
La pr?sentation a eu lieu au centre de formation des juniors du "PSG", qui, de m?me que la base d’entrainement de l’?quipe principale, est situ? ? proximit? de la ville de Saint-Germain-en-Laye, ? 20 kilom?tres de Paris.
"Les Fran?ais c’est une histoire ? part ; ils ne sont pas du tout comme nous, – rit Valeria. – Apr?s la r?alit? russe, on s’est retrouv?s dans la r?alit? fran?aise. Mais on t?chait de ne pas faire attention aux difficult?s. Pourtant on y a ?t? confront?s d?s le d?but. Les Fran?ais sont des gens, pour ainsi dire, peu press?s... Nous cherchons un certain Pierre, qui est mentionn? dans la lettre, mais c’est un certain Jean qui arrive ? sa place. "Pierre n’est pas ; venez nous voir, je ne sais quand, je ne sais o?". Mais en fin de compte, on a trouv?, on y est arriv?s. L’entraineur est venu et a dit ? Max: "Allez, vas-y!". Et Max y est all?, d?s qu’il s’est retrouv? sur le terrain.
Pour tout le monde, ? l’acad?mie du "PSG"Maxime ?tait d’abord consid?r? comme une b?te curieuse: il suffit de regarder les photos. Tout le monde voulait voir le petit Russe, non seulement les entra?neurs, mais aussi les parents des autres enfants. Apr?s la premi?re pr?sentation, l’entra?neur nous a propos? de revenir le lendemain: il ne pouvait pas prendre de d?cisions, seul: un conseil devait se r?unir.
"Je ne comprends rien aux nuances du football, mais les gens qui sont all?s voir Maxime, avaient les yeux ?carquill?s", – dit Valeria.
L?, elle devient toute fi?re, tandis que Max continue ? se conduire comme si cette histoire n’avait aucune importance. Il ne peut pas rester en place, il pr?f?re, de loin, s’entrainer avec son ballon et, pendant que je m’entretiens avec sa m?re, il sort dans la rue, surveill? par sa nouvelle connaissance – l’entra?neur Andre? TALALAEV, qui se trouvait ?galement ? notre table, au restaurant. TALALAEV lui fait faire un exercice compliqu? que Maxime n’a jamais r?alis?. Apr?s plusieurs tentatives, Max arrive ? le faire 10 fois de suite, ainsi qu’Andr?? le lui avait demand?. J’?coute leur conversation, gardant une oreille distraite sur le r?cit de Valeria et comptant sur mon dictaphone ; j’entends ce que dit TALALAEV: "Etre capable d’apprendre est, peut-?tre, la chose la plus importante dans le football. Tu apprends bien. R?cemment, j’ai fait faire cet exercice ? un gar?on. Vers la fin de la journ?e, il n’a pu le r?aliser que six fois...".
Les paroles de Valeria nous ram?nent au "PSG": "Maxime ne leur a jamais donn? pr?texte ? douter de lui. J’ai appris que, m?me si ce n’est, peut-?tre, pas exceptionnel, c’est rare qu’on dise, d?s la premi?re fois, ? un enfant: "Nous le voulons dans l’?quipe. Allez, on le prend!". Plus tard, Max m’a r?pliqu?: "Alors, qu’est-ce que je t’avais dit?!". Moi, je me suis dit: "?a alors!"…
C’est l? que Valeria a ?t? confront?e ? un choix difficile, tr?s mature, m?me trop mature et qu’un enfant, enthousiasm? par son succ?s, ne pouvait pas comprendre. Quitter son pays, renoncer ? tout ce qui restait en Russie, se retrouver tous les deux dans une ville inconnue, dans un pays ?tranger, sans aucune certitude que tout cela aboutira ? quelque chose.
LES PORTES DE L’ASCENSEUR. PREMIER, DEUXIEME, TROISIEME, QUATRIEME, CINQUIEME, SIXIEME
Malgr? tout, elle a d?cid? de "courir plut?t que tenir": "A l’?poque, je venais de terminer un projet, dans le cadre de mon travail, j’?tais libre de toutes obligations professionnelles. Et du reste ?galement... J’ai d?cid? de partir, parce que je comprenais: jouer au "PSG"?tait, plus que tout au monde, important pour lui.
Et nous voil? arriv?s. Il est incorpor? ? l’?quipe. On lui d?livre son ?quipement, une licence de la FIFA et de l’UEFA. Nous ne sommes pas li?s par un contrat avec "Spartak": Maxime n’avait que 11 ans ? l’?poque. Et, imm?diatement, nous nous heurtons ? une ?pouvantable bureaucratie, typiquement fran?aise".
"Me qualifier leur a pris trois semaines, – dit Max. – Ils n’arrivaient pas ? me faire ce papier. La quatri?me semaine, j’ai pu jouer mon premier match de la saison. Mais c’est ?a la France. Ici, m?me les portes d’ascenseur mettent du temps ? se refermer".
Au cours de son premier match pour le "PSG", Max a quitt? le banc de touche ? la 9 minute. Le match avait commenc? – deux mi-temps d’une demi-heure. Quand Max, 13 ans, se rem?more les p?rip?ties de ce match d’il y a deux ans, sa voix et le style de son discours changent l?g?rement. J’ai l’impression que le gar?on a soudainement grandi ; apr?s le match, on se retrouve dans la zone mixte et je suis heureux de voir qu’il est le seul joueur qui a pris le temps de parler aux journalistes au lieu de passer ? c?t? d’un air imperturbable. Je crains qu’un jour, apr?s avoir achet? deux ou trois voitures de luxe et cr?? un compte Instagram, lui aussi deviendra renferm?, comme eux. Si bien que je profite de l’occasion et je capte avec mon dictaphone tout ce qu’il dit.
"En arrivant sur le terrain, j’?tais un peu inquiet, – me dit le second en date (le premier ?tait Serguei Semak) milieu offensif russe du "PSG". – Mais, plus tard, lors de la premi?re passe, je me suis calm? en pensant que l’important ?tait de jouer sans faire d’erreurs. De jouer comme je joue. Cinq minutes apr?s, j’avais marqu? mon premier but. Puis le deuxi?me. Le troisi?me. Le quatri?me, le cinqui?me et le sixi?me".
Six! Pour un premier match! Pour le "PSG"! M?me les portes de l’ascenseur fran?ais, au lieu de se refermer, ont commenc? ? applaudir (et, bien s?r, elles le font tr?s, trop lentement). Score final: 11:6 pour le "PSG"avec plus de la moiti? des buts de l’?quipe marqu?s par le d?butant russe. Valeria se souvient:
"L’entra?neur l’a m?me fait remplacer: "Attends, relax, calme-toi!". Mais Max br?lait d’envie de retourner sur le terrain parce qu’il voulait jouer. Quand il quittait le banc, il marquait des buts, encore et encore. Max n’a pas beaucoup jou?, mais son efficacit? a ?t? consid?rable. Et les autres parents, curieux, faisaient la queue pour venir me dire: "Welcome! Bienvenue!".
JUSTE INIESTA
Tr?s vite, il a ?t? surnomm? le Zlatan russe. D’accord, c’est vexant comme surnom, mais Max va devoir s’y r?signer.
"C’est un entra?neur qui me l’a donn?, – se d?file Maxime. – Juste parce qu’au cours d’un match, j’ai marqu? un but en ciseau retourn?".
Valeria ajoute: "Oui, cet entra?neur n’arr?te pas de me demander: "Alors, comment va votre Zlatan?". Mais Max n’aime pas qu’on l’appelle comme ?a. Il demande ? ?tre appel? Andr?s".
"Vous savez, tous les enfants ont leurs joueurs pr?f?r?s: Messi, Ronaldo, Neymar, – dit Maxime. – Pour moi, c’est juste Iniesta. Parce qu’il est agile. Il prend le ballon et... Avant chaque match, au moment de me coucher, je cherche Andr?s Iniesta sur YouTube et je regarde ses vid?os. Je l’observe faire des passes, puis j’essaie de faire la m?me chose pendant les matchs. Je m’efforce d’?tre comme lui et de progresser sans cesse. Quand je viens m’entrainer et que ?a se passe mal, je le comprends tout seul et j’essaie de faire mieux la prochaine fois. Un jour, au cours d’une r?union, l’entra?neur a dit que j’?tais un artiste du football. Comme Iniesta ; on l’appelle artiste, maestro, lui aussi. A l’entra?nement suivant, j’avais encore plus confiance en moi".
"Max vit tout le temps de football, m?me maintenant, quand je vous parle, – dit sa maman dans un geste d’impuissance. – C’est sans parler des vases bris?s, des cadres et des lampes. Un jour, j’ai compris qu’il fallait cacher tout ?a, parce qu’il est impossible de lui interdire et que je n’arriverai pas ? lui expliquer. Il ne regarde pas le football comme les autres enfants. Eux sont assis ? manger des chips. Tandis que lui, il est entour? de petits papiers. Il dessine des sch?mas avec des passes et des combinaisons. Il analyse le jeu.
Max a une belle technique, il maitrise le ballon. On a m?me film? des s?quences en freestyle, devant de c?l?bres monuments parisiens: le Louvre, Notre-Dame-de-Paris... Des touristes accourraient prendre des photos. Ils croyaient que ce n’?tait pas juste un gar?on, mais un artiste professionnel ; quelqu’un lui a m?me jet? des sous".
LA ROUTE
Une route s?pare les deux bases du "PSG"– celle des juniors et celle des adultes. On peut y voir de belles voitures et leurs propri?taires, de vraies vedettes. Parfois, des joueurs adultes du "PSG"viennent rendre visite aux gar?ons:
"Vous imaginez ce que ?a veut dire pour un gar?on issu du club "Spartak"de parler ?, disons, David Luiz. Ce n’est pas la m?me chose que parler ? Dziouba. C’est tout ? fait diff?rent. Les copains de Moscou avec qui Max est rest? en contact, l’envient".
"Ce n’est pas une critique de la part de maman! – rit Maxime. – J’aime bien Dziouba, je n’ai rien contre lui!".
"C’est vrai, Dziouba est bien! – pr?cise Valeria. – C’est quelqu’un de bien".
Les entrainements ? la base Saint-Germain-en-Laye ont lieu trois fois par semaine, le samedi ou le dimanche il y a des matchs. Le trajet dure environ deux heures: en m?tro, puis en RER, puis ? pied ou en bus. Il y a peu de temps entre les horaires scolaires et l’entrainement de football le soir. Et la maman de Maxime l’attend ? la gare pour lui remettre un gros sac ? dos ? la place d’un autre contenant son ?quipement, ses prot?ge-tibias et ses chaussures de football. La premi?re ann?e, ils allaient ensemble ? tous les entrainements. Valeria raconte:
"Absolument tous les enfants venaient en voiture avec leurs parents. Seule exception: Max et moi. En arrivant au terminus de la ligne rouge du RER, on continuait ? pied, par les bois. ?a nous prenait 30 ? 35 minutes. On pouvait prendre le bus, mais il fallait l’attendre, il fallait payer et, de toute fa?on, marcher quelque temps apr?s. Mais on n’a jamais manqu? un seul entra?nement.
Chez "Spartak"Max avait un entrainement de plus qu’au "PSG", mais les sensations sont tr?s diff?rentes au niveau des efforts fournis et des exercices. C’est un autre niveau. Il en revient affreusement fatigu?. Press? comme un citron.
La premi?re ann?e, j’allais ? tous les entrainements. En toute saison. En hiver, le froid, la neige, la pluie. Et nous deux, avec Max on marchait, dans les bois, sous un parapluie. Rien n’est pr?vu pour les parents qui attendent pendant l’entrainement. J’?tais une des rares mamans, ?tant donn? que les enfants ?taient principalement accompagn?s de leurs p?res. Au d?but, les affaires qu’on avait amen?es de Moscou, ne nous suffisaient pas du tout. Des amies m’ont donn? des moufles. Les parents fran?ais me disaient: "Mais tu viens de Moscou! Les Russes n’ont jamais froid!". Moi, j’?tais frigorifi?e. Comment leur expliquer que, chez nous, en hiver, tout se passe ? l’int?rieur, avec des radiateurs, du th? chaud? Ce qui m’a sauv?e c’est la chaleur du c?ur, celle des ?motions. Maintenant, ? vrai dire, je ne sais pas comment on a surmont? tout ?a.
Aujourd’hui, Maxime y va tout seul. Il conna?t le chemin, il peut rencontrer des amis, je peux toujours le joindre au t?l?phone. Par contre, pour Max, ce n’?taient pas des difficult?s. Je m’inqui?tais pour lui, comme toutes les mamans, mais chaque entra?nement, chaque minute pass?e au sein du "PSG"le remplissaient de joie.
NAPOLEON, BONBONS ET PASSE ENTRE LES LIGNES
Au cours de l’entretien, Maxime laisse surtout parler sa m?re, mais d?s qu’elle s’absente cinq minutes, il me raconte toute une flop?e d’histoires sur sa vie de petit Russe au "PSG". En voici quelques-unes:
1. "Avant l’entrainement, l’entra?neur nous a dit: "Je donnerai le ballon ? celui qui r?pondra ? ma devinette. Et il nous a pos? une question d’histoire sur les batailles de Napol?on. Tout le monde s’est mis ? r?fl?chir un bon moment, et j’ai ?t? le seul ? donner la bonne r?ponse. L’entra?neur m’a remis le ballon et a regard? les gar?ons avec reproche: "Quelle honte! Ce gar?on russe conna?t l’histoire de France mieux que vous!".
2. "D?s le d?but, quand on est arriv?s, je ne pensais pas qu’on puisse me renvoyer et tout ?a. Je savais que je pourrais et je faisais tout pour y arriver. Quand je me suis mis ? jouer pour le "PSG", parfois, les gar?ons se mettaient ? me taquiner. Quand la Russie a perdu, j’ai entendu: "Ta Russie, elle sait m?me pas jouer". Je n’ai rien dit. Qu’est-ce que je pouvais r?pondre?".
3. "Un jour, maman a donn? des bonbons. Apr?s l’entrainement, je suis all? prendre une douche ; puis je me suis rhabill? et, dans le m?tro, j’ai ouvert mon sac: pas de bonbons. Le lendemain, les joueurs m’ont entour?: "Ah, ils ?taient bons tes bonbons". Je ne voulais pas me plaindre, pourtant, au cours d’une r?union, l’entra?neur m’avait pr?venu: "Si tu as des probl?mes, viens m’en parler". Mais je veux juste ?tre en bonnes relations avec tout le monde".
(Valeria explique: "Chaque trimestre, l’entraineur a une r?union avec les parents. On doit lui montrer les bulletins scolaires, on s’entretient avec lui. Un jour, au cours d’une r?union, l’entra?neur a dit: Max est le seul enfant qui essaie d’?tre ami avec tous les autres".)
4. "Un jour, le directeur du "PSG"qui, auparavant avait travaill? au centre de formation de "Barcelone", est venu nous voir. Pendant le jeu, j’ai fait une passe d?cisive – une passe entre les lignes (vous savez, j’aime tellement faire les passes entre les lignes). Un gar?on a marqu? un but et j’ai tr?s content parce que je voulais justement faire une passe entre les lignes". Apr?s le match, je vois le directeur qui serre la main de tous les joueurs, tandis que moi, il m’a, en plus, tapot? l’?paule. Je me suis demand? pourquoi il m’a tapot? l’?paule?
LA BLESSURE
Maintenant, Max parle couramment le fran?ais et fait ses ?tudes dans une ?cole fran?aise. Les entra?neurs du "PSG"de tous les ?ges le connaissent bien. On peut trouver sur YouTube des vid?os de matchs du "PSG"avec sa participation, tandis que ce que fait ce gar?on avec le ballon n’est pas ? la port?e de certains professionnels adultes. Selon sa m?re, pendant les matchs des entra?neurs et des parents de joueurs d’autres ?quipes viennent r?guli?rement voir Maxime: "Tu es Russe? On a entendu parler de toi!"
En France, le Zlatan russe au c?ur d’Iniesta connait non seulement des succ?s, mais aussi de grandes d?ceptions. La vie est trop dure pour que tous ses r?ves se r?alisent.
"C’est ? cet ?ge que commence la s?lection traditionnelle pour le Centre National du Football en France "Clairefontaine". C’est en quelque sorte l’?quipe nationale chez les enfants, – raconte Valeria. – Ils sont s?lectionn?s dans tout le pays, dans tous les clubs, ils sont test?s dans leurs r?gions et dans leurs villes. Les meilleurs viennent ? Paris, o? ils passent des tests en sept ?tapes. Les gagnants sont form?s, l?-bas, durant une ann?e
Sans passeport fran?ais Maxime n’avait pas le droit de participer. Mais l’entra?neur du "PSG"a dit ? ses coll?gues: "Vous devez le voir."Max a ?t? admis aux tests. Devant l’entr?e, certains parents ?taient indign?s: "Vous n’?tes pas Fran?ais, que faites-vous ici?". Max a pass?, sans probl?mes, plusieurs ?tapes de base, o? le taux d’abandon est tr?s ?lev?. Avant le dernier test, les enfants passent toute la journ?e, l?-bas: les entra?neurs observent leur conduite ? table, leurs relations avec les autres enfants, leur fa?on de parler ; ils s’informent sur les r?sultats scolaires.
Mais Maxime n’a pas r?ussi ? se qualifier. Durant la sixi?me ?tape, au cours d’une visite m?dicale, le m?decin a, soudain, trouv? une blessure au genou du gar?on et il lui a interdit toute participation ult?rieure. Pour Max, cela a ?t? un coup doublement dur: quelques mois plus tard, il devait participer ? une grande coupe internationale avec "Juventus"et "Manchester City", un match, o? il r?vait de faire ses preuves.
Sa maman raconte: "C’?tait terrible! Maxime voulait jouer, m?me avec son genou bless? voire sans genou, mais le m?decin lui a dit: "Si tu es intelligent, tu te soigneras durant quelques mois. Si tu fais l’imb?cile, tu reviendras tout le temps me voir, dans six mois, dans un an...".
"J’ai calcul? que j’avais exactement trois mois pour r?cup?rer avant le match international. – prend la parole Maxime. – Mon genou avait gu?ri. Quand il ne restait qu’une semaine avant le match, j’ai pu participer ? un jeu r?gulier et je me suis cass? le poignet. On perdu ? la suite d’une s?rie de penalties. Je n’ai pas pu marquer. J’?tais terriblement d??u, parce que j’avais compris qu’apparemment, je ne pourrai pas participer ? la coupe.
Mais il est av?r? que c’?tait une f?lure et non pas une fracture. Le m?decin a dit qu’il fallait mettre un pl?tre. Mais d’abord, il fallait acheter une languette. J’ai eu mal en enfilant mes v?tements et m?me en nouant mes lacets de chaussures. Mais je suis quand m?me all? m’entrainer. Les entra?neurs n’?taient pas contents. Je leur ai r?pondu: "Si j’ai mal, j’arr?te". A l’entrainement suivant, je suis arriv? la main dans le pl?tre. Et l’entra?neur m’a port? sur la liste des participants au match. J’?tais heureux.
R?sultat: j’ai jou? trois matchs ; c’?tait dur de courir et je ne pouvais pas montrer tout ce que je savais faire. Dommage, parce que beaucoup de gens nous observaient: entra?neurs, directeurs. J’?tais d??u jusqu’aux larmes, parce que... Enfin, vous comprenez".
Cette histoire a appris ? Max quelque chose de simple et d’important: il ne faut jamais abandonner. Afin de reprendre rapidement sa forme apr?s sa blessure et sa f?lure, il s’est mis ? s’entrainer quatre fois par semaine au lieu de trois, il venait ? un entrainement de plus, destin? aux plus jeunes:
"Les enfants de mon ?quipe me demandaient: Pour quoi faire? Je r?pondais: Parce que je le veux. Si vous ne voulez pas, ce sont vos probl?mes. Maman me demandait qui de mes amis ?tait l?. Je r?pondais: "Personne. Ils sont tous en vacances".
Vid?o d’un match de l’?quipe juniors du "PSG", avec la participation de Maxime
LA MISSION
Cet ?t?, les Samo?lov se rendront ? Moscou. Il leur faut d?poser leur dossier ? l’Ambassade de France afin d’obtenir un nouveau permis de s?jour, et alors Maxime continuera ? jouer pour le "PSG". Sinon... "N’en parlons pas maintenant!". Brusquement, Max coupe court ? la tentative de sa m?re d’exposer un ?ventuel plan B. Valeria rit: "Vous voyez, c’est simple, nous n’avons pas le choix".
Maxime doit encore prouver ce dont il est vraiment capable dans le grand football et ? quel point la r?alit?, et non pas un monde imaginaire, est adapt?e ? ses r?ves et ambitions. Il sera encore confront? ? ses plus importantes victoires et d?faites. Tandis que sa maman a d?j? gagn?, m?me si, peut-?tre, elle ne le comprend pas encore. Car ce n’est pas le but en soi qui importe, mais le chemin qu’on fait pour y parvenir. Et aussi les gens qui vous tiennent la main, pendant que vous avancez.
En fin de compte, m?me la cath?drale, sur le parvis de laquelle j’ai vu Maxime jongler avec un ballon, porte le nom d’une m?re.
"On a des probl?mes au quotidien, – dit Valeria, quand je la questionne sur les difficult?s de s?journer dans un pays ?tranger. – Et il y a, bien s?r, suffisamment de difficult?s, mais je ne voudrais pas en parler. J’?l?ve Max toute seule. Et depuis tr?s longtemps. Je n’ai que lui, mon seul et unique Zlatan ador?… C’est, peut-?tre, ma mission d’?tre maman. Sa maman. Je suis heureuse de pouvoir m’acquitter de cette mission aussi bien que possible. Il y a beaucoup de probl?mes li?s au football pour les hommes et, d’autant plus, pour moi. Certains p?res, par exemple, prennent des entra?neurs ? part pour leurs enfants. Mais nous ne pouvons pas nous le permettre. Si bien que Maxime est tel qu’il est.
On s’est tellement investis physiquement et ?motionnellement. J’esp?re vraiment que, maintenant, aucun obstacle bureaucratique n’emp?chera Maxime de rester au "PSG", d’avoir une nouvelle chance de r?aliser ses talents et d’aboutir sur sa voie. Et je suis persuad?e que, sur cette voie, on arrivera ensemble ? faire quelque chose de bien. Aujourd’hui, quand on parle des joueurs de football, on mentionne d’abord l’argent, les salaires, mais pour Max ?a n’a aucune importance. Il veut trouver sa place dans la vie. Et il sait que cette place c’est le football".
... On s’est vus une derni?re fois avec Maxime, la veille de mon d?part de France, apr?s le match Espagne-Italie. Max revenait d’une fan-zone, situ?e au pied de la Tour Eiffel ; il portait un drapeau espagnol et ses yeux ?taient pleins de tristesse. Son joueur pr?f?r?, Andr?s Iniesta, venait de quitter le championnat. Le gar?on a racont?: "Quand Andr?s a shoot? en direction des buts et que le gardien a par? le coup, je me suis mis ? scander: Iniesta, Iniesta! Tout le monde s’est tourn? vers moi, l’air surpris ; et, bient?t, on ?tait l?, tous ensemble, ? scander son nom…!".
Quand on s’est quitt?s, Maxime a demand?: "Quand reviendrez-vous?".
Je n’avais pas de r?ponse, mais j’en ai formul? une, d’abord, pour moi-m?me (et je tiendrai parole sans faute): "Je te promets d’?tre l? pour ton premier match au sein de l’?quipe nationale". J’ai regard? le drapeau espagnol et j’ai ajout?: "L’?quipe nationale de Russie".
Max a imm?diatement ajust? nos plans: "C’est pour quand la prochaine Coupe du monde apr?s celle de 2018? Pour 2022? Eh bien, c’est l?-bas que j’irai".
"Au Qatar? – j’ai rapidement fait mes calculs. – ?a sera quand m?me un peu t?t. Tu n’auras que 19 ans. Et Golovine, le joueur le plus jeune de l’?quipe nationale russe ayant particip? ? l’Euro-2016, en avait 20".
"Non, non. – me rassure Max. – Je participerai ? la Coupe du Monde de 2022".
Et, vous savez, le plus ?tonnant c’est que je l’ai cru.
Paris – Moscou
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И | В | Н | П | +/- | О | |
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ПСЖ | 16 | 12 | 4 | 0 | 44-14 | 40 |
2
|
Марсель | 15 | 9 | 3 | 3 | 32-18 | 30 |
3
|
Монако | 16 | 9 | 3 | 4 | 26-16 | 30 |
4
|
Лилль | 15 | 7 | 6 | 2 | 25-15 | 27 |
5
|
Лион | 15 | 7 | 4 | 4 | 27-20 | 25 |
6
|
Ницца | 15 | 6 | 6 | 3 | 28-19 | 24 |
7
|
Ланс | 15 | 6 | 6 | 3 | 19-14 | 24 |
8
|
Тулуза | 15 | 6 | 3 | 6 | 17-17 | 21 |
9
|
Осер | 15 | 6 | 3 | 6 | 23-23 | 21 |
10
|
Реймс | 15 | 5 | 5 | 5 | 20-18 | 20 |
11
|
Брест | 15 | 6 | 1 | 8 | 24-27 | 19 |
12
|
Ренн | 15 | 5 | 2 | 8 | 20-20 | 17 |
13
|
Страсбур | 15 | 4 | 5 | 6 | 25-27 | 17 |
14
|
Нант | 15 | 3 | 5 | 7 | 17-24 | 14 |
15
|
Анже | 15 | 3 | 4 | 8 | 14-26 | 13 |
16
|
Сент-Этьен | 15 | 4 | 1 | 10 | 12-34 | 13 |
17
|
Гавр | 15 | 4 | 0 | 11 | 11-29 | 12 |
18
|
Монпелье | 15 | 2 | 3 | 10 | 15-38 | 9 |
18.12 | 23:00 |
Монако – ПСЖ
|
2 : 4 |
3.01 | 23:00 |
Ницца – Ренн
|
- : - |
4.01 | 19:00 |
Сент-Этьен – Реймс
|
- : - |
4.01 | 21:00 |
Лилль – Нант
|
- : - |
4.01 | 23:00 |
Лион – Монпелье
|
- : - |
5.01 | 17:00 |
Анже – Брест
|
- : - |
5.01 | 17:00 |
Ланс – Тулуза
|
- : - |
5.01 | 17:00 |
Страсбур – Осер
|
- : - |
5.01 | 22:45 |
Марсель – Гавр
|
- : - |